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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/432

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dit la comtesse ; elle doit avoir fini d’écrire à sa famille. Elle sourit, et ajouta : Surtout ne lui dis rien.

La jeune fille embrassa sa noble protectrice, salua Armand d’un doux regard, et s’envola légère comme un oiseau.

— Quant à toi, Armand, monte à cheval et vas faire un tour au bois ; je crois qu’un peu d’exercice te fera du bien, reprit la comtesse.

— Et moi aussi, ma mère, répondit-il gaiement, j’ai les nerfs très agacés ; j’ai besoin d’être un peu seul, afin de réfléchir sur ce qui vient de se passer ici.

Le jeune homme salua sa mère et sortit.

Madame de Valenfleurs quitta alors le salon d’études, et elle se dirigea vers un des grands salons de réception du rez-de-chaussée de l’hôtel.

Un valet de pied se tenait devant la porte, qu’il ouvrit aussitôt qu’il aperçut sa maîtresse.

La comtesse entra.

Une dame était assise, presqu’au centre du salon, dans un fauteuil.

En voyant entrer la comtesse, cette dame se leva et fit quelques pas au-devant d’elle.

La comtesse examinait à la dérobée avec un vif intérêt la dame étrangère, au fur et à mesure qu’elle se rapprochait d’elle, et que, par conséquent, elle pouvait mieux la voir.

C’était une femme très élégamment vêtue, à la dernière mode, toute petite et toute mignonne ; autant qu’il était possible de s’en apercevoir, admirablement faite et pétrie de grâces ; ses moindres gestes avaient une élégance naturelle, indicible ; elle avait du être admirablement belle.

La coupe de son visage était essentiellement espagnole : bien qu’elle eût tout au plus trente-deux ans, et qu’ainsi elle fût encore jeune, ses traits émaciés par la souffrance, des rides précoces et la pâleur d’ivoire de son visage la vieillissaient et laissaient deviner d’amères douleurs souffertes en secret.