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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/439

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Elle ne me connaît plus, elle me croit morte : mieux vaut pour elle qu’elle continue à le croire. Ma vie lui appartient, je lui en ai fait le sacrifice en venant ici : car, je vous l’ait dit, cet homme me soupçonne. Je suis épiée ; s’il découvre que je suis entrée chez vous, cette fois il me tuera, j’en ai la conviction…

— Nous sommes à Paris, madame ; on n’y assassine pas comme dans les savanes.

— Le Mayor brise tout ce qui lui fait obstacle, madame ; mais vous me le jurez, quoi qu’il arrive, vous n’abandonnerez jamais ma fille ! s’écria-t-elle en joignant les mains avec prière.

— Je vous le jure, madame, notre Vanda a deux mères à présent.

— Oui, répondit-elle avec amertume, deux mères qui la chérissent, mais dont, hélas ! l’une, probablement, n’existera plus demain !

— Chassez ces sinistres pensées, madame, et, elle ajouta doucement : Voulez-vous la voir ?

— Oh ! madame ! ce serait pour moi une grande consolation et un ineffable bonheur.

— Attendez, reprit la comtesse avec un charmant sourire.

Elle sonna ; un valet de pied parut.

— Que l’on prévienne mademoiselle que je désire lui parler et que je l’attends dans ce salon ; allez, dit la comtesse.

Le valet de pied salua et sortit.

— Placez-vous derrière cet écran chinois, dit la comtesse, afin qu’en entrant Vanda ne vous voie pas tout d’abord.

Doña Luz obéit, pâle, anxieuse et tremblante ; elle maîtrisait à grand’peine l’émotion qui lui brisait le cœur, à la seule pensée qu’elle allait voir sa fille.

Vanda entra presque en courant dans le salon, et alla se pendre au cou de la comtesse, en lui disant, de sa voix si harmonieusement sympathique :

— Me voici, mère, que désirez-vous de votre fille ?