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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/440

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— Eh bien, folle, dit la comtesse en souriant, que dites-vous donc ! Ne remarquez-vous pas que je ne suis pas seule !

— Oh ! c’est vrai, ma mère ! s’écria la jeune fille un peu confuse.

Elle s’approcha alors de doña Luz et la saluant respectueusement avec une grâce inimitable :

— Pardonnez-moi, madame, dit-elle avec un délicieux sourire, mais je n’avais vu que me mère ; je la croyais seule, et je n’ai songé qu’à l’embrasser ! C’est si bon d’embrasser sa mère !

Doña Luz soupira, baissa la tête pour cacher ses larmes et lui rendit son salut sans répondre.

— Chère petite, se hâta de dire la comtesse, je crois avoir oublié mon flacon dans ma chambre à coucher ; si tu ne l’y trouves pas, il sera sans doute dans le boudoir ; fais-moi le plaisir de le chercher, je te rejoindrai dans un instant.

— Oui, mère chérie, répondit la jeune fille.

Elle fit un mouvement comme pour quitter le salon, mais, se ravisant tout à coup, elle se dirigea vers doña Luz, et s’inclinant vers elle :

— Madame, lui dit-elle en espagnol, car jusque-là on n’avait parlé que cette langue, je n’ai pas l’honneur de vous connaître, mais je ne sais quelle irrésistible sympathie m’attire vers vous : permettez-moi, je vous en prie, de vous embrasser avant de me retirer ; je serai certaine alors que vous ne m’en voulez pas de mon impolitesse involontaire.

— Oh ! de grand cœur, chère enfant ! s’écria doña Luz d’une voix étouffée.

Et tendant les bras à la jeune fille elle la serra contre son sein en l’embrassant à plusieurs reprises, retenant ses larmes à grand’peine, pour ne pas faire naître des soupçons dans l’esprit de Vanda.

— Nous nous connaissons maintenant, Madame, dit la jeune fille en se dégageant doucement des liens qui l’en-