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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/67

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Lorsque les Indiens se rendaient à l’hacienda, soit pour faire une visite de politesse, soit pour traiter une question grave, ou demander justice de quelques vexations dont ils se prétendaient victimes, c’était dans ce calli-medecine que don Cristoval de Cardenas recevait les visiteurs, les ambassadeurs ou les délégués, et les traitait selon tous les us de l’étiquette indienne.

Les Peaux-Rouges des prairies ont poussé l’étiquette à un point ou Henri III et Louis XIV, ces deux fastueux monarques, n’ont jamais en France osé l’établir.

Nous avons dit que le calli-médecine affectait une forme complètement ronde : tout l’intérieur était garni de gradins montant presqu’aux deux tiers de la hauteur du bâtiment.

Le centre était libre : là se trouvait le foyer ou « feu du conseil », autour duquel les chefs s’accroupissaient pour discuter en fumant le calumet.

Un trou percé dans la toiture laissait échapper la fumée, peu épaisse, du reste, qui s’élevait du feu, quand il était allumé.

Tout avait été préparé pour la réception des Sachems.

Le feu du conseil avait été allumé.

Un peu à l’écart, sur une table grossièrement façonnée, des quartiers de venaison rôtis, du pennekann, des patates cuites sous la cendre, des poissons bouillis étaient entassés, ainsi que des jarres en argile poreuse, pleines d’eau ; car les Comanches sont une nation sobre et ne boivent jamais de liqueurs fortes.

Lorsque les Peaux-Rouges, précédés par don Pancho de Cardenas, ne furent plus qu’à quelques pas du Calli-Medecine, la peau de bison servant de portière fut soulevée de l’intérieur, et don Cristoval sortit au devant des visiteurs.

Don Cristoval était vêtu du grand costume des sagamores indiens :

Un large cercle d’or, tout constellé de pierreries, ceignait son front ; il tenait de la main droite la longue canne en bambou à pomme d’or des corregidores mayores ; à la