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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/111

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duite chez le commissaire de police ; les armes peintes sur les panneaux de la voiture l’ont fait reconnaître comme appartenant à madame la comtesse de Valenfleurs, et, sur l’ordre du commissaire de police, un sergent de ville est monté sur le siège et l’a ramenée à l’hôtel.

— C’est étrange ! murmura Bernard ; ce sergent de ville n’a rien dit ?

— Il ne savait rien de plus que l’abandon de la voiture ; M. Julian d’Hérigoyen lui a fait remettre cent francs au nom de madame la comtesse ; cet homme est alors parti en faisant force remerciements.

— Est-ce tout ?

— À peu près. Oui, monsieur Bernard, madame la comtesse est au désespoir ; M. Julian ne sait que lui dire pour la consoler. Une heure environ après le retour de la voiture, c’est-à-dire un peu avant dix heures, le cocher et le valet de pied ont été rapportés ivres-morts par des gens qui les avaient trouvés étendus sur le trottoir de la rue de Presbourg. Ces gens ont déposé les deux hommes auprès du guichet de l’hôtel, ont sonné et se sont éloignés sans vouloir entrer même dans la cour, et cela si lestement, que lorsque l’on a couru après eux pour leur demander des renseignements, ils avaient déjà disparu : il a été impossible de les retrouver.

— C’est inouï ! un pareil événement en plein Paris ! s’écria Bernard, en frappant sur la table un tel coup de poing que tout ce qui était dessus en sauta à un pied en l’air ; et, cela, dans le quartier le plus sûr et le mieux surveillé ; je m’y perds !

— Ce qu’il y a de plus extraordinaire dans toute cette incroyable histoire, monsieur, c’est que le cocher est un des plus anciens domestiques de la maison : sa conduite a toujours été irréprochable ; il ne boit jamais, et, pour rien au monde, il ne quitterait ses chevaux pendant une minute ; le valet de pied est un excellent sujet, très sobre aussi ; enfin, ces deux hommes sont sûrs et dévoués : il y a de quoi en devenir fou !