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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/110

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si gravement même, à ce qu’il paraît, que le docteur Loreau, son médecin, lui avait défendu positivement de quitter sa chambre à coucher…

— Allez donc, allez donc, Charbonneau, interrompit Bernard d’une voix frémissante, je sais tout cela aussi bien que vous ; j’étais cette après-dîner près de madame la comtesse, lorsque sa fille, la voyant triste de ne pouvoir faire sa visite accoutumée à ses pauvres, lui offrit de la remplacer en se faisant accompagner par miss Lucy Gordon, sa demoiselle de compagnie, Mais madame la comtesse ne voulut pas y consentir ; mademoiselle Vanda n’a pas encore seize ans, et sa demoiselle de compagnie, en ayant à peine vingt, n’était point par conséquent un chaperon suffisant pour faire respecter sa fille au milieu des gens de toutes espèces avec lesquels elle se trouverait forcément en contact.

— Madame la comtesse a sans doute refusé d’abord, puisque vous le dites, monsieur Bernard, mais malheureusement, il paraît qu’après votre départ, elle a changé d’avis et a cédé aux instances et aux prières de mademoiselle Vanda ; car, vers quatre heures et demie, une voiture a été attelée, et mademoiselle a quitté l’hôtel, accompagnée de miss Lucy Gordon. Mademoiselle, après avoir remis au valet de pied la liste des maisons qu’elle se proposait de visiter, est montée avec sa demoiselle de compagnie dans la voiture qui est partie aussitôt.

— Eh bien ! après ? s’écria Bernard avec impatience, en voyant que le chasseur s’arrêtait ; que s’est-il passé ? La voiture est rentrée à l’hôtel ? Miss Gordon a parlé ? À son défaut, le valet de pied et le cocher ont dû faire leur rapport.

— Rien de tout cela, monsieur, la voiture n’est revenue que vers neuf heures du soir, ramenée par un sergent de ville.

— Comment ! ramenée par un sergent de ville ? s’écria Bernard au comble de la surprise.

— Oui, monsieur ; il paraît que la voiture a été trouvée abandonnée à l’entrée de l’avenue de l’Impératrice, et con-