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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/122

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Et debout, devant la portière ouverte, il déchargea ses revolvers sur les bandits les plus rapprochés, ce que le chasseur canadien fit en même temps de son côté avec un admirable sang-froid.

Les cris, les menaces et les hurlements redoublèrent.

En ce moment, la voiture reçut plusieurs secousses, des cris déchirants s’élevèrent ; le cocher et le valet de pied tirèrent plusieurs coups de revolver.

Le cocher, à l’instar d’Automédon, le célèbre conducteur du char d’Achille, debout sur son siège, ses guides enroulées autour du corps, fouettait vigoureusement son cheval de la main droite, et, de la gauche, il faisait feu sur les bandits avec un entrain vraiment endiablé.

La voiture semblait emportée comme par un ouragan ; les cris et les vociférations des misérables assaillants devenaient à chaque instant de plus en plus faibles.

Bientôt ils cessèrent complètement de se faire entendre.

— Halte, et rechargeons ! commanda l’ancien coureur des bois avec son inaltérable sang-froid.

Le premier ordre était plus facile à donner qu’à exécuter.

Le cheval, jeune et plein de feu, affolé par les coups de fouet auxquels il n’était pas habitué, les détonations des armes à feu et surtout les hurlements des bandits, lors de l’attaque, était devenu furieux ; il menaçait de s’emporter, car le cocher en était à peine maître, malgré tous ses efforts pour le maintenir.

Cependant, après une lutte acharnée de quelques minutes, grâce à l’habileté du cocher et à la connaissance approfondie qu’il avait de son cheval, il réussit à calmer l’animal et à l’arrêter.

Ira y eh Saah ? — tout est-il bien, frère ? — demanda alors Bernard, en passant la tête par la portière.

On ne répondit pas.

L’ancien coureur des bois hocha la tête avec tristesse.

Le guerrier comanche n’était plus derrière la voiture.

Il y eut un court silence.

Bernard reprit :