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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/131

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La lumière disparut au troisième étage, et les aboiements furieux d’un chien se firent entendre.

Bernard prit un briquet dans sa poche, battit la pierre de façon à produire une quantité d’étincelles et alluma un cigare.

Il se rapprocha alors de la maison où d’abord il avait vu une fenêtre éclairée.

Arrivé près de la porte, il poussa brusquement ; la porte céda. Il entra et la referma vivement derrière lui, mais sans faire le moindre bruit.

Au même instant, Tahera, qui avait fait le tour par la rue Saint-Honoré et la rue des Bons-Enfants, reparut à l’entrée de la cour des Fontaines.

Mais soudain, il fit brusquement un pas en arrière et se dissimula dans l’ombre de manière à devenir invisible.

Deux hommes embusqués sous l’auvent avancé d’une boutique, où jusque-là ils étaient demeurés cois, venaient de surgir subitement, et s’étaient élancés vers la porte. Mais trop tard, elle s’était déjà refermée.

— Chou blanc ! dit l’un d’eux avec dépit, mais à voix basse.

— Manqué, dit l’autre sur le même ton.

— Que faire ?

— Pardi ! attendre ; il faudra bien qu’il sorte, puisqu’il est rentré.

— Nous aurions dû le chouriner tout de suite.

— Avec cela que c’est facile, reprit le premier en haussant les épaules ; je l’ai déjà manqué ce soir. Ce gaillard-là est roué comme une potence !

— Allons, ne te fâche pas, Fil-en-Quatre, ce n’est que partie remise, ma vieille.

— Avec ça !… tiens, vois-tu, la Dèche, ce gars-là nous roulera encore… Malheur !

— Crois pas ! nous sommes deux, cette fois ; nous aurions dû sauter dessus tout de suite.

— J’y ai pensé, mais quelqu’un le suivait, v’la c’qui m’a arrêté ; j’les croyais ensemble.