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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/15

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la serrure elle-même, ainsi que je m’en suis assuré, a été graissée et huilée avec soin.

— Voilà qui est singulier, dit le jeune homme ; dans quel but a-t-on fait cela, et qui peut l’avoir fait ?

— Ah ! quant à cela, je l’ignore, monsieur le comte ; je ne voudrais dénoncer personne ; cependant, je vois toujours rôder, sans motifs, les valets de pied par ici : je ne serais pas étonné que ce fût un de ces grands feignants de propres à rien, qui ait retrouvé la clef, ou en ait fait faire une autre neuve pour sortir en cachette, et courir la prétentaine pendant la nuit, à l’insu de tout le monde, et, pendant qu’on le croit honnêtement couché et endormi dans sa chambre.

Le père Bardot, le maître jardinier, détestait cordialement les valets de pied, qu’il traitait si bien de propres à rien.

Pourquoi cette haine ? Seul, le père Bardot le savait, et il se gardait bien de le dire.

— Ce doit être cela, répondit le jeune comte, en adoptant aussitôt l’opinion du maître jardinier.

Non pas qu’il fût convaincu de sa justesse, mais parce qu’elle lui parut logique, et qu’elle ne manquait pas, en effet, de probabilité à ses yeux prévenus.

— C’est égal, si l’un d’eux a fait le coup, comme je le crois, il sera bien attrapé quand il viendra bêtement pour ouvrir la porte, et qu’il se cassera le nez contre la muraille ! reprit le maître jardinier d’un air très goguenard.

— Oui, en effet, cela sera fort drôle ; peut-être même cela nous aidera-t-il à trouver le, ou les coupables, car ils peuvent être plusieurs.

— Bon ! monsieur le comte plaisante, mais partout où l’un a passé, les autres auront immédiatement passé ensuite : les coquins vont en troupe, ces propres à rien s’entendent entre eux comme larrons en foire. Mais nous voici au fond du parc, et précisément devant la porte en question : que monsieur le comte prenne la peine de la regarder.