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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/166

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— Hum ! cela n’est pas flatteur pour les dames, dit Bernard en souriant.

— C’est vrai, mais nous ne sommes pas ici pour faire de la galanterie.

— C’est parfaitement exact ; je vous comprends, monsieur. En bon français, à votre avis, dans l’affaire qui nous occupe, il y aurait une femme qui, d’une façon ou d’une autre, serait coupable ?

— Oui, monsieur, et c’est cette femme que tout d’abord nous devons rechercher.

— Soit ; cherchons la femme, puisque vous le croyez utile, reprit Bernard en souriant ; mais je ne vois autour de nous que madame d’Hérigoyen, ma femme, ma chère Mariette, la comtesse elle-même, et miss Lucy Gordon, la demoiselle de compagnie de notre chère et malheureuse Vanda. Eh mais ! attendez donc. En effet, miss Lucy Gordon, en voici une.

Le policier sourit d’un air caustique.

— Je crois que vous brûlez, monsieur, dit-il avec un fin sourire ; oui, vous brûlez, monsieur, comme nous disions, étant enfants, au jeu de la pincette.

— Eh quoi ! s’écria Bernard, vous supposeriez miss Lucy Gordon capable d’avoir trempé dans un aussi odieux guet-apens, contre une jeune fille qui l’aimait comme une sœur ?

— Je ne suppose rien, monsieur, Dieu m’en garde ! Je suis logique avec mes principes, et je cherche la femme, voilà tout.

— C’est juste ; ne connaissant pas miss Lucy Gordon, vous n’avez pas de parti-pris contre elle ; d’ailleurs, vous ignorez que madame la comtesse de Valenfleurs l’a tirée de la misère et l’a presque élevée, et que, en un mot, cette jeune femme lui doit tout.

— C’est souvent une raison pour haïr les gens, monsieur.

— Oh ! vous allez trop loin !

— Nullement ; je suis vrai. Un homme de beaucoup d’esprit a dit : « L’ingratitude est l’indépendance du cœur ;