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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/177

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— Nous avons enfin le commencement du fil, dit le policier avec une satisfaction évidente ; maintenant, je l’espère, puisque nous le tenons, nous ne tarderons pas à arriver au bout du peloton.

Et il ajouta :

— Sur la liste préparée par mademoiselle de Valenfleurs, en face de chaque adresse, elle avait sans doute eu soin d’écrire le nom de la personne à visiter ?

— Non, monsieur, répondit le cocher ; il y avait seulement le nom de la rue et le numéro.

Le policier, à cette réponse, fit une affreuse grimace et tourmenta rageusement son binocle. La figure de l’ancien chef de la brigade de sûreté avait une si singulière expression en ce moment, que Julian, dont le regard était tourné vers lui par hasard, malgré sa tristesse, ne put cependant s’empêcher de sourire.

— Cela importe peu, monsieur, lui dit-il ; madame la comtesse de Valenfleurs a l’habitude d’inscrire, sur un registre ad hoc, les noms et la profession de tous les malheureux auxquels elle donne des secours, en regard de leur adresse ; la liste volée avait été dressée sur ce registre, je vous donnerai les noms de toutes les personnes visitées aujourd’hui par mademoiselle de Valenfleurs, ou plutôt je prierai madame la comtesse de me confier ce registre, et, si cela vous plaît, vous écrirez ces noms vous-même.

— Je vous en serai d’autant plus reconnaissant, monsieur, que nous éviterons ainsi une perte de temps considérable. Mais pardon, messieurs, ajouta-t-il ; avant de clore définitivement cet interrogatoire, je désirerais adresser à ces braves gens une dernière question, que je considère comme très importante.

— Faites, monsieur, répondit Bernard.

— Il s’agit de miss Lucy Gordon, la demoiselle de compagnie de mademoiselle Vanda de Valenfleurs. Je serais très curieux de savoir si chaque fois que la voiture s’arrêtait, cette jeune dame descendait avec mademoiselle de Valenfleurs, et l’accompagnait dans la maison où elle