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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/18

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elleavec effort ; j’espère que demain je serai complètement remise.

— Mais que vous est-il donc arrivé, ma mère ? reprit-il avec intérêt.

— Rien, mon enfant, une crise nerveuse, voilà tout ; tu sais que j’y suis très sujette.

Mais comprenant sans doute que son fils n’était pas aussi ignorant qu’il feignait de l’être, elle prit le bras d’Armand, et se tournant vers les jeunes filles avec un sourire :

— Attendez-moi un instant, dit-elle ; j’ai deux mots à dire à Armand ; dans cinq minutes, nous serons de retour.

Et elle conduisit le jeune homme dans un boudoir attenant à la salle à manger, et, se laissant tomber dans un fauteuil :

— Tu sais quelque chose, n’est-ce pas ? lui demanda-t-elle avec anxiété.

— Je sais tout, ma mère, répondit nettement le jeune homme. C’est moi qui ai arrêté la voiture, dans laquelle le crime a été commis ; malheureusement, le misérable assassin s’était échappé.

— C’est effroyable ! s’écria la comtesse, dont les yeux se remplirent de larmes ; raconte-moi ce qui s’est passé sans rien omettre ; il importe que, moi aussi, je sache tout ; bientôt tu sauras pourquoi, hélas ! ajouta-t-elle avec un douloureux soupir.

Le jeune homme raconta alors la scène qui avait eu lieu au commissariat de police, et la tournure qu’il avait cru devoir donner à la visite de la malheureuse jeune femme.

— Tu as eu raison de dire cela ; j’écrirai dans le même sens au commissaire de police, reprit la comtesse lorsque le jeune homme eut achevé son récit : il ne faut pas que le mystère qui enveloppe cet affreux attentat soit dissipé. Hélas ! cette malheureuse femme prévoyait le sort qui la menaçait ; elle me l’avait répété a plusieurs reprises, et moi je n’avais pas voulu la croire !