Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/205

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traité fait entre nous par l’intermédiaire de votre ignoble complice, Felitz Oyandi, qui est là, râlant de peur.

— Quelle durée demandez-vous pour cette trêve entre nous ?

— Vingt-quatre heures, pas davantage, reprit-il en riant.

— J’accepte ; vous avez ma parole ! s’écria le Mayor avec un vif mouvement de joie.

— Vous êtes Libre ; reprenez ce poignard dont je n’ai que faire, dit le Loupeur avec insouciance en lui rendant son arme.

— Merci ; vous êtes un homme : je m’en souviendrai, dit le Mayor.

Et il s’assit aussi tranquillement que si rien ne s’était passé d’extraordinaire entre lui et le Loupeur.

Le Manchot continuait à trembler et à faire claquer ses dents comme des castagnettes.

— Maintenant que nous sommes amis, reprit le Mayor en allumant un cigare, laissez-moi vous dire que si vous me connaissez comme vous le prétendez, vous avez eu tort de n’exiger de moi qu’une trêve de vingt-quatre heures.

— Pourquoi donc cela, monsieur ? répondit le Loupeur avec nonchalance, tout en bourrant sa pipe.

— Tout simplement parce que, dans vingt-quatre heures, nous serons ennemis de nouveau.

— Qu’importe cela ? fit-il en souriant.

— Dame ! il importe pour vous que, redevenu libre de mes actions, le premier usage que je ferai de cette liberté, et j’en aurai le droit, ce sera de me venger de vous.

— Vous croyez ? fit-il en allumant sa pipe à la chandelle.

— Non seulement je le crois, mais, encore, je vous avertis loyalement que cela sera, je vous engage donc à vous tenir sur vos gardes.

— Je vous remercie, monsieur, répondit-il paisiblement, mais c’est inutile ; vous ne tenterez pas de vous venger de moi ; vous vous trompez.