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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/207

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rasser de complices compromettants, ou de gens qui vous gênent, j’ai cru prudent de déposer ces preuves, fort compromettantes pour vous, entre des mains tierces : il est sept heures et demie, ajouta-t-il en consultant sa montre, si, à huit heures, je ne suis pas à un certain endroit que je connais seul, à huit heures et demie, ces preuves seront remises entre les mains du préfet de police, ainsi que tous les renseignements nécessaires pour vous arrêter immédiatement ; sans compter que l’affaire de ce soir, que vous avez si fort à cœur, sera manquée, par la raison toute simple, que, seul, je sais où se trouvent nos gens, et puis leur donner les instructions nécessaires pour opérer sûrement l’enlèvement. Vous voyez, monsieur, que je pouvais fort bien me dispenser même de vous demander cette trêve de vingt-quatre heures.

— Je le reconnais, monsieur, répondit le Mayor en se mordant les lèvres jusqu’au sang, dans ses efforts pour ne pas laisser échapper sa colère ; cependant vous me permettrez de vous faire observer que votre procédé est plus que vif…

— Nullement, monsieur ; il est logique, voilà tout ; je prends mes garanties, et en cela je ne fais que ce que maintes fois vous avez fait vous-même. Bien m’a valu tout à l’heure d’être plus vigoureux que vous, car vous m’auriez tué raide, et, en ce moment, vous tenteriez encore de le faire, si vous ne vous sentiez pas si complètement entre mes mains.

— Vous vous trompez, monsieur, vous avez ma parole, dit le Mayor avec dignité.

— C’est vrai, mais pour vingt-quatre heures.

— Finissons-en ; que voulez-vous ?

— L’argent promis et quelque chose de plus.

— Comment ?

— Vous m’avez déclaré la guerre, vous en paierez les frais, dit-il nettement.

— C’est-à-dire ? fit-il avec hauteur.

— Je veux, entendez-vous bien, reprit le Loupeur en le regardant en face et en scandant les mots avec affecta-