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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/208

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tion ; je veux trois cent mille francs tout de suite, ici même ; deux cent vingt-cinq mille francs que vous restez me devoir, plus vingt-cinq mille francs que vous vous ferez rembourser par votre ami Felitz Oyandi, si cela vous plaît, comme étant votre complice, et cinquante mille francs pour votre part, c’est la rançon de votre poignard que je vous ai rendu.

— Et si je refuse ces conditions exorbitantes ? dit le Mayor d’une voix frémissante.

— À votre aise ! cela vous regarde ; mais tout sera rompu entre nous, et je vous tirerai ma révérence.

— Mais, après tout ! monsieur, s’écria le Mayor avec violence, je ne sais vraiment…

Le Loupeur l’interrompit brusquement, en se levant avec deux revolvers aux poings, et les dirigeant contre les deux hommes.

— Ah ! pas un mot de menace, pas un geste ! s’écria-t-il, l’œil étincelant et la voix vibrante ; c’est oui ou non ! Au premier mouvement suspect, je vous abats comme deux loups enragés que vous êtes !… Sur mon âme, vous vous êtes singulièrement mépris si vous avez eu, un seul instant, la pensée de me traiter, moi, le chef de larmée roulante, comme vous en avez traité tant d’autres : j’ai les griffes plus fortes et plus acérées que ne l’ont jamais été les vôtres !

— Mais, cependant…, essaya de dire le Mayor.

— Je ne vous oblige pas à accepter mes conditions, mais je ne prétends être ni votre dupe, ni votre victime.

— C’est bien, monsieur, reprenez votre place, vous n’avez rien à redouter de nous.

— Soit, dit-il, en faisant disparaître ses revolvers et se rasseyant ; mais comme vous-même l’avez dit : finissons-en, car le temps se passe, et j’ai à faire bien des choses, d’une façon ou d’une autre.

— J’accepte vos conditions, si dures qu’elles soient… Mais, prenez garde, si quelque jour je vous tiens entre mes mains comme vous me tenez en ce moment dans les