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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/227

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mais ne me déshonorez pas, la mort plutôt qu’une telle honte !

— Qu’est-ce que cela me fait à moi, répondit-il avec un rire de satyre ; la mort, dis-tu ? Eh bien, soit, tu te tueras après si cela te plaît ; mais, auparavant, tu seras à moi ! Bah ! toutes les femmes en disent autant, et aucune ne se tue, ajouta-t-il avec un ricanement de tigre.

Et il bondit sur elle les bras ouverts.

Par un effort suprême, la jeune fille lui échappa en se jetant vivement de côté.

Le Loupeur se retourna avec fureur pour renouveler son attaque.

Mais, soudain, il s’arrêta frappé de stupeur.

La jeune fille avait reconquis tout son sang-froid et son courage.

Elle se tenait calme et fière à trois pas du bandit, un revolver de chaque main.

— Ah ! ah ! fit-il en la regardant avec une expression étrange, qui tenait à la fois de l’admiration, de le lubricité et de la rage.

En effet, elle était admirablement belle ainsi.

Son buste, délicieux de formes, saillant sous la cambrure fière du corps, les yeux pleins de fulgurants éclairs de haine et d’indignation, les dents serrées et les lèvres frémissantes, elle ressemblait à la Nemesis antique.

Il baissa malgré lui les yeux en poussant un sourd rugissement de fauve aux abois.

— Je ne vous crains plus, misérable ! dit-elle avec un accent d’écrasant mépris, faites un pas, un seul pour vous rapprocher de moi, et je vous tue sans plus de pitié que vous n’en avez eu pour moi !

Le bandit secoua la tête à plusieurs reprises, un rictus affreux contracta les commissures de ses lèvres ; et, éclatant subitement d’un rire farouche :

— À la bonne heure ! s’écria-t-il d’une voix rauque et saccadée par l’ivresse et la fureur ; à la bonne heure, c’est un duel ! Eh bien, soit ! j’accepte, vaillante amazone,