Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Entrez, répondit presque aussitôt une voix de femme.

Le commissionnaire tourna la clef dans la serrure et pénétra dans la chambre.

Il se trouva alors dans une pièce de médiocre étendue, pauvrement meublée de quelques chaises, d’un vieux secrétaire, d’une commode, d’une table et de deux lits : l’un caché au fond d’une alcôve fermée pendant le jour, et l’autre dissimulé derrière un rideau de serge verte.

Une porte donnait sur un cabinet lambrissé, servant à la fois de cabinet de toilette et de débarras, et dans lequel se trouvait un troisième lit.

Sur la cheminée, il y avait une montre en aluminium posée sur un support, des tasses, des verres, un sucrier et quelques menus objets disposés dans le meilleur ordre.

Puis une glace de petite dimension, et à la muraille, accrochés çà et là, quelques gravures assez belles dans des cadres de bois noir. Tel était ce pauvre mobilier.

Mais tout brillait de propreté ; on n’aurait découvert un grain de poussière nulle part, pas même à la loupe.

Une jeune fille de dix-huit à vingt ans, assez jolie, mais l’air souffreteux et très pâle, travaillait près de la fenêtre avec une excellente machine à coudre, cadeau probablement de la comtesse de Valenfleurs.

Un vieillard de soixante-neuf à soixante-dix ans, aux traits distingués, mais à l’expression triste et résignée, copiait de la musique avec une rapidité prodigieuse, bien qu’avec une rare perfection, assis sur une chaise paillée devant une table en bois blanc peinte en noir.

Une fillette de dix à onze ans, maigre et maladive, aidait sa mère dans les apprêts du déjeuner.

Celle-ci était une femme de cinquante à cinquante-trois ans à peu près, aux traits doux, mais empreints d’une grande tristesse, que les larmes avaient rendue presque complètement aveugle.

Elle n’y voyait plus que très peu ; cependant, tout en