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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/265

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Soudain il reçut une forte secousse et tomba rudement comme une masse inerte sur un sol quelconque.

— Cristi ! il n’est par trop tôt ! murmura-t-il en faisant des efforts inouïs pour rattraper sa respiration, et soufflant comme un phoque après une trop longue immersion.

En un tour de main, il fut débarrassé de ses liens, et on lui rendit en même temps que la liberté de ses membres, l’ouïe, la vue et la parole.

Mais Fil-en-Quatre voulait se donner le temps de la réflexion.

Il resta donc étendu, les yeux fermés, immobile et sans donner signe de vie, bien qu’il fût très grouillent, qu’il jouit complètement-de toutes ses facultés, et fort en état de se lever si cela lui eût convenu.

Mais, comme nous l’avons dit, il voulait réfléchir et surtout gagner du temps.

Malheureusement pour lui, cette diplomatie fut aussitôt déjouée d’une façon très désagréable.

Au moment où il s’y attendait le moins, et pendant qu’il se félicitait en son for intérieur du succès de sa ruse, un si vigoureux coup de canne lui fut asséné sur les reins, qu’il bondit sur ses pieds en poussant un cri de douleur et se trouva debout en moins d’une seconde, les yeux ouverts comme ceux d’une souris qui guette.

Il jeta machinalement un regard circulaire autour de lui, et retint avec peine une exclamation de surprise.

L’endroit où il se trouvait ne ressemblait en rien à l’idée qu’il s’en était faite.

Ce n’était ni une cave, ni une geôle, ni une prison.

C’était une pièce fort bien meublée, ressemblant beaucoup plus à un atelier d’artiste peintre, ou d’homme de lettres, qu’à toute autre chose.

Toutes les prévisions du bandit étaient fausses. Il n’apercevait rien de ce qu’il s’attendait à voir.

Une seule chose, cependant, qui ne manquait pas d’une certaine importance, lui causa une vive préoccupation, jointe a une grande frayeur.