Cette pièce, dans laquelle déjà nous avons plusieurs fois conduit le lecteur, était l’atelier ou le pied-à-terre, comme on voudra, de master Williams Fillmore.
Le digne citoyen des États-Unis était assis dans un fauteuil devant la table chargée de papiers, ayant un revolver à droite et un autre à gauche à portée de sa main.
Derrière lui se tenait debout un homme tenant un revolver à la main, et dont les traits disparaissaient sous les larges ailes rabattues de son chapeau ; deux autres, dans des conditions identiques, se tenaient immobiles devant la porte.
— Approche, drôle, dit master Fillmore d’une voix rude.
Fil-en-Quatre jeta un regard de détresse autour de lui, et fit deux ou trois pas du côté de la table, en esquissant un sourire ressemblant singulièrement à une grimace.
Au fond, il craignait une exécution sommaire.
— Comment te nommes-tu ? reprit l’Américain en lui lançant un regard qui le fit frissonner.
— Polyte, dit Fil-en-Quatre, monsieur, répondit le bandit, d’une voix hésitante.
— Veux-tu être poignardé séance tenante et être jeté à la Seine, comme l’a été ton camarade ?
La question était formidable.
Le bandit pâlit et trembla.
La voix lui manqua pour articuler une parole.
— Réponds, reprit l’interrogateur ; tu es un forçat évadé, un assassin et un voleur. En te tuant, justice sera faite.
— Que voulez-vous que je réponde ? balbutia-t-il.
— Que faisais-tu quand tu as été arrêté cette nuit ?
— Moi, monsieur, je… je passais ; je rentrais chez moi avec un ami.
— Tu mens, tu espionnais ma maison. Ton ami et toi, vous vous étiez embusqués pour attendre une personne entrée chez moi et l’assassiner à sa sortie. Je t’avertis que toute dénégation est inutile. Je te connais depuis longtemps : tu appartiens à la bande du Loupeur. Dans ton intérêt même, je t’engage à ne pas essayer de mentir.