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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/270

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d’une jambe sur l’autre, regardait autour de lui et secouait ses pouces, bien que la douleur qu’il avait éprouvée fût presque complètement calmée.

En somme, il avait eu beaucoup plus de peur que de mal. Et, ainsi qu’il se le disait à lui-même, il avait de la chance de s’en être tiré à si bon marché.

Cependant il restait un point noir qui l’inquiétait beaucoup : sa position vis-à-vis de l’Américain n’était pas nette, et ne s’était nullement éclaircie.

L’avenir l’effrayait ; maintenant qu’il avait parlé, que ferait-on de lui ?

Le fait est que la situation était restée presque aussi critique.

L’Américain releva tout à coup la tête, et interpellant brusquement Fil-en-Quatre :

— Aimes-tu l’or ? lui demanda-t-il à brûle-pourpoint.

Le bandit s’attendait si peu à cette question, qu’il resta la bouche ouverte et les yeux écarquillés.

— Quand tu me regarderas comme un idiot pendant une heure ; imbécile ! Voyons, réponds : aimes-tu l’or ? Réponds oui ou non, by god !

— Faites excuse, monsieur, j’sais pas le latin ; mais c’est égal, j’ai une profonde estime pour l’or ; quant à ça, j’vous en f…iche mon billet.

— Bien ; alors nous pourrons nous entendre.

— J’en serai bien content, monsieur ; pour ma part, je ne demande pas mieux, répondit-il en saluant de l’air le plus aimable.

— Écoute-moi.

— C’est-à-dire que je me délecte à boire vos paroles.

— Assez ! fit l’Américain en fronçant le sourcil.

— Suffit, milord ; j’suis, sans comparaison, métamorphosé en carpe.

— Encore !

Fil-en-Quatre baissa la tête.

L’Américain reprit :

— Écoute bien, veux-tu gagner dix mille francs, sortir