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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/271

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d’ici libre de t’aller faire pendre où tu voudras, et ne plus avoir rien à redouter de moi ?

— C’est mon plus ardent désir, milord ; dix mille francs ne se trouvent pas souvent sous le pas d’un cheval ; vous pouvez y aller carrément.

— Puis-je me fier à toi ?

— Oui, si je vous donne ma parole, et si vous tenez vos promesses.

— Je ferai plus : je te mettrai à l’abri des vengeances du Loupeur et des autres gredins que tu as trahis.

— Ça, c’est pas à dédaigner ; j’accepte, milord.

— Tu es fin et rusé ?

— Je ne passe pas positivement pour un imbécile, dit-il avec fatuité.

— Eh bien, voici ce que j’attends de toi.

— Allez-y.

L’Américain eut alors une longue conversation à demi-voix avec le bandit.

Celui-ci écoutait attentivement sans se permettre la plus légère observation.

— M’as-tu bien compris ? dit l’Américain en terminant.

— Parfaitement, monsieur, répondit-il ; tout cela est clair comme de l’eau de roche.

— Et tu le feras !

— Je vous en donne ma parole.

— Prends bien garde à l’engagement que tu prends, dix mille francs ou un coup de poignard dans le cœur après d’affreuses tortures ; fusses-tu caché dans les entrailles de la terre ! Si tu joues un double jeu, je le saurai, et tu seras perdu sans rémission.

— Et les dix mille francs ? demanda-t-il avec empressement.

— Tu recevras deux mille francs tout de suite ; quant aux autres huit mille francs, tu ne les recevras qu’après l’affaire ; je veux avoir une garantie contre toi.

— Ça va ! ma peau est en jeu, vous pouvez compter sur moi, tant pis pour les autres, ce sont des rats, ils n’y vont