Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Soyez calme, ce sera bon, votre ami a bien fait les choses. Dans cinq minutes, vous serez servi ; il est à peine neuf heures du matin.

— J’sais bien, mais j’ai affaire.

Et il entra dans le cabinet où M. Blanchet l’attendait, en lisant le Petit Journal.

— Ah ! vous voilà, dit Blanchet ou Sebastian, comme il plaira au lecteur de le nommer ; quoi de nouveau ?

— Beaucoup de choses, répondit Fil-en-Quatre en s’asseyant en face de son amphitryon.

— Alors, dites vite, s’écria Blanchet en se frottant les mains.

— Pas d’çà, Lisette, çà gâte les manchettes, fit-il en riant, nous sommes ici pour déjeuner ; déjeunons ; j’n’aime parler qu’en plein air, ajouta-t-il avec un regard d’intelligence.

— Soit, dit l’autre, vous avez raison, répondez seulement à une seule question ?

— Laquelle ?

— Est-ce bon ?

— Du nanan ! je n’vous dis qu’ça.

— Bien : je n’en demande pas davantage.

— D’autant plus que je n’vous dirais rien, reprit-il en ricanant ; j’aime pas les cloisons en papier mâché ; on n’se fait pas une idée comme c’est malsain.

En ce moment, le cabaretier arriva chargé de plats et d’assiettes.

La table, mise en un tour de main, le déjeuner fut aussitôt servi.

— Hein ? fit le cabaretier. Je vous ai dit dans cinq minutes ; suis-je exact ?

— C’est-à-dire que les feignants de l’Observatoire ne sont que d’la Saint-Jean auprès de vous, répliqua Fil-en-Quatre en riant.

Le déjeuner se passa sans incidents d’aucune sorte.

Après avoir pris le café, le pousse-café et la rincette, les deux hommes se levèrent de table très bien lestés.