— Où voulez-vous aller ?
— Rond-point des Champs-Élysées, j’casserai une croûte chez un ami, et de là j’irai un peu voir le Loupeur.
— C’est bien.
L’Américain frappa dans ses mains.
Les trois hommes entrèrent ; il échangea quelques mots en anglais avec eux.
Puis l’un des trois hommes, celui qui lui avait serré les pouces, enfonça sur la tête de Fil-en-Quatre, qui se laissa faire en riant, un bonnet de soie noire, percé au nez et à la bouche, qu’il lui attacha solidement derrière la nuque.
Puis le bandit fut enlevé doucement et transporté à bras pendant une dizaine de minutes, et assis dans une voiture.
Une autre personne prit place près de lui, et la voiture partit au grand trot.
— Cristi ! quel chic ! disait Fil-en-Quatre en ricanant, un ambassadeur, quoi ! En voilà du plaisir !
Le trajet fut assez long.
Enfin la voiture s’arrêta, le bandit fut descendu et assis sur un banc.
— Vous pouvez vous débarrasser de votre bonnet, lui dit-on à voix basse à l’oreille.
— Merci, répondit-il sur le même ton.
Fil-en-Quatre compta religieusement jusqu’à cent, puis il enleva son bonnet.
Il regarda vivement autour de lui.
Il était au rond-point des Champs-Élysées, presque à la porte du marchand de vins chez lequel quelques jours auparavant il avait écrit la lettre à M. Blanchet.
Il entra dans la boutique.
— Tiens, lui dit le marchand de vins, vous arrivez bien ; la personne à laquelle vous avez donné rendez-vous attend depuis cinq minutes dans le cabinet. Le déjeuner est commandé.
— Tâchez qu’il soit bon, hein ? fit-il en riant, et surtout n’faites pas attendre ; j’ai une polissonne de fringale à tout casser.