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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/287

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sieur ; il me semble que cependant votre maison offre toutes les conditions de sûreté nécessaires.

Le Mayor hocha la tête d’un air de doute.

— Pour vous, Parisien, reprit-il, cette maison offre certainement toutes les conditions de sûreté désirables, je le reconnais ; j’ajouterai même que, le cas échéant, j’y pourrais jouer avec la police française, que l’on prétend si fine et si rusée, une longue partie, que certainement je gagnerai, j’en suis certain.

— Eh bien, alors ?

— Si vous connaissiez comme je les connais, monsieur, les hommes contre lesquels j’ai à me défendre, vous ne parleriez pas ainsi que vous l’avez fait. Depuis quelques heures à peine, n’est-ce pas, nous avons réussi à nous emparer de ces deux dames ? Eh bien, ces hommes, mes adversaires, ont déjà découvert nos traces ; ils sont sur notre piste et ils ne la lâcheront pas, croyez-le, avant de nous avoir découverts, ce qui sera au plus tard dans quelques heures.

— Vous avez donc obtenu des renseignements certains sur eux ?

— Je ne sais rien, je n’ai rien appris, monsieur ; mais je le sens, je le devine, ils rôdent autour de nous. Ces hommes possèdent une faculté étrange, incompréhensible, qui leur permet de se diriger à coup sûr à travers les chemins les plus sombres, les dédales les plus inextricables.

— Allons donc ! ceci est de la fantaisie, monsieur : me prenez-vous pour un niais ? Vous êtes la seconde personne qui me parle ainsi aujourd’hui.

— Comment ! s’écria le Mayor avec surprise, que voulez-vous dire ?

— Je veux dire, monsieur, qu’un de mes affidés, qui a longtemps habité l’Amérique, m’a tenu à peu près le même langage que vous me tenez en ce moment. Je lui ai ri au nez. Je lui ai répondu à peu près ce que je vais avoir l’honneur de vous répondre à propos de cette prescience des coureurs des bois, si vous le désirez, monsieur.