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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/297

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— Oui. Eh ! eh ! prenez bien vos précautions, il ne faut rien oublier. Eh ! eh ! c’est un coup de partie !

Cet éternel ricanement du Manchot agaçait les oreilles de ses auditeurs comme le grincement d’une scie ébréchée.

— Et nos hommes que nous avons embusqués prêts à agir ? fit le Mayor.

— Il faut les congédier au plus vite, dit le Loupeur. Où sont-ils ?

— Aux environs de Saint-Philippe-du-Roule, reprit le Mayor.

— Bon ! Pendant que vous irez les congédier, moi je me rendrai au faubourg Saint-Antoine ; nous n’avons pas un instant à perdre. Est-ce convenu ?

— Certes ! Quand nous reverrons-nous ? demanda le Mayor.

— Ce soir, chez la Marlouze, je vous rendrai compte de ce que j’aurai vu et fait, et nous prendrons nos dernières mesures.

— C’est bien, nous y serons, eh ! eh ! dit le Manchot.

— Partons ! dit le Mayor.

— En route ! répéta le Loupeur.

En ce moment, la sonnette fit entendre un éclatant carillon.

Les trois hommes, qui s’étaient levés, s’arrêtèrent et s’entre-regardèrent avec inquiétude : le bruit de la sonnette n’était pas celui qui annonçait d’habitude les affiliés.

— Qu’est cela ? demanda le Mayor.

— Je ne sais pas, répondit le Loupeur avec une surprise mêlée d’inquiétude.

— Il faut voir ! ponctua le Manchot.

Un second coup de sonnette, plus vif et plus éclatant que le premier, retentit au milieu du silence.

Une voix claire et menaçante prononça alors ces six mots cabalistiques qui, sous le second Empire, effrayaient beaucoup plus, bien souvent, les innocents que les coupables :