Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/3

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Peut-être même ont-ils aimé plus violemment que d’autres dont ils feignent de se railler, et qu’en réalité ils envient tout bas.

De ce premier amour dépend presque toujours l’avenir de l’existence tout entière, selon qu’il est bien ou mal placé.

Malheureusement cet amour est une passion désordonnée, irrésistible, qui empêche et annihile tout raisonnement et toute logique.

Quand on reconnaît que l’on s’est trompé, et que l’on tente de l’arracher de son cœur, il est trop tard.

C’est la tunique de Nessus : vainement on essaie de s’en débarrasser, chaque effort cause des douleurs horribles et arrache des lambeaux du cœur, qu’il brise et déchire impitoyablement…

Après avoir erré pendant plus de deux heures à travers les allées les plus écartées du bois, le jeune comte songea qu’il était temps de retourner à l’hôtel.

Il s’orienta, car il savait à peine où il se trouvait.

Il se rapproche des chemins fréquentés, et il se dirigea au galop de chasse vers l’avenue de la Grande-Armée, qu’il atteignit bientôt.

Tant qu’il lui avait fallu faire attention à la direction qu’il suivait afin de ne pas s’égarer, Armand s’était tenu ferme en selle et avait surveillé le chemin sur lequel il était engagé.

Mais aussitôt qu’il s’était retrouvé dans les parages connus avoisinant sa demeure, il était aussitôt retombé dans ses rêveries ; sa main n’avait plus que mollement tenu la bride ; il avait laissé son cheval, dont machinalement son corps suivait tous les mouvements, libre de marcher à sa guise. Ce cheval était un magnifique étalon, pur-sang arabe, admirablement dressé, jeune et plein de feu.

Il connaissait parfaitement son chemin et ne s’en écarta pas une seule fois.

Mais, pour se divertir, il se mit à danser et à exécuter