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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/305

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— Cette fois, nous ne le rejoindrons plus, dit le policier avec dépit !

— Tiens, c’est donc vot’ami, c’monsieur qu’a monté dans la voiture à Giblou ? dit tout à coup un gamin d’une douzaine d’années en train de jouer avec d’autres enfants de son âge, sur le bord du trottoir, au roi détrôné, sur un tas de sable.

— Oui, dit Bernard en riant ; je donnerais bien une pièce de vingt sous pour savoir où il est passé !

— C’est pas malin, reprit le gamin ; faites un peu voir la pièce de vingt sous ?

— Tiens, la voici.

— Merci, m’sieur, dit le gamin en empochant la pièce de vingt sous. Il avait l’air drôlement pressé, votre ami, à preuve qu’il a montré cent sous à Giblou, en lui disant : « C’est pour toi, si tu m’mènes rondement au coin de la rue des Écuries-d’Artois et du faubourg Saint-Honoré. »

— Hein ! que dites-vous de ce hasard ? dit Bernard au policier.

— La Providence est pour nous !

— Merci, garçon, dit Bernard au gamin qui lui tira la langue en ricanant.

Ils s’éloignèrent.

— Abus de prudence : la voiture est de trop, dit le policier.

— Je le crois, dit Bernard ; le Mayor a oublie que dans sa position on doit avoir sa voiture ou ne prendre que celle des maraudeur.

Cinq minutes plus tard, les trois hommes montaient, eux aussi, dans une voiture dont le cheval, vigoureusement sanglé par quelques coups de fouet, partait, d’un train à faire trois lieues à l’heure.

La poursuite recommençait, plus ardente que jamais.