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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/325

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— Vous le voyez, chère enfant, dit la comtesse en lui mettant un baiser au front, je ne suis pas la seule à n’avoir pas douté de votre innocence ?

— Oh ! ma chère et bien-aimée protectrice, vous êtes si bonne, s’écria la jeune Américaine avec attendrissement, que toutes les personnes qui vous approchent deviennent meilleures !

— Taisez-vous, flatteuse ! Eh bien ! qu’en pensez-vous ? Recevons-nous ces dames ?

— Oh ! je suis honteuse de les faire ainsi attendre, moi à qui elles font un si grand honneur.

— Fais entrer, Clairette ; et vous, mignonne, ne pleurez plus, je le veux.

— Oh ! chère madame, laissez couler ces larmes, elles me font tant de bien !

Les deux dames entrèrent ; le docteur d’Hérigoyen les accompagnait.

— Je viens comme médecin, dit-il gaiement ; à moins que vous ne soyez complètement guérie, chère enfant, comme j’en ai grand’peur, d’abord à cause de la garde-malade que je surprends près de vous, et ensuite en vous voyant si fraîche et si reposée. Vous n’avez pas le droit de me chasser.

— Quand même j’en aurais le droit, mon bon docteur, j’ai trop de reconnaissance pour vos bons soins de cette nuit et trop de remerciements à vous adresser, je ne le ferais pas, répondit la jeune fille avec un sourire charmant.

— Oh ! si le sourire est revenu, dit-il en riant, je réclame mes honoraires : on m’embrasse quand on est guéri.

— Oh ! de grand cœur, mon bon docteur ! s’écria-t-elle.

Et elle pencha vers le docteur son front rougissant qu’il effleura de ses lèvres.

Les dames furent charmantes pour la jeune Américaine ; elles avaient à cœur de lui prouver que jamais elles n’avaient douté d’elle.