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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/328

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savoir ce que tous nous pensons de vous : c’est-à-dire que vous êtes une pure et chaste enfant, dont la conduite pendant cette scène effroyable a été sublime d’énergie et de pudeur révoltée ! Je pense qu’une jeune fille qui, enfermée sans défense ni espoir de secours avec un monstre à face humaine ivre de vin et de luxure, trouve dans la honte d’une brutale et ignoble attaque et la crainte du déshonneur, trouve, dis-je, assez de courage pour se révolter contre le misérable qui, par des actes odieux, tente de flétrir et de profaner toutes ses saintes et nobles croyances, et fait résolument le sacrifice de sa vie en essayant de tuer le scélérat qui la torture, je pense que cette jeune fille, se faisant ainsi un linceul immaculé de sa robe virginale, a droit au respect et à l’admiration de tous ceux qui ont l’honneur et le bonheur de la connaître !

— Bien, mon excellent ami ! s’écria la comtesse enthousiasmée ; il était impossible de mieux exprimer les sentiments que nous éprouvons tous pour cette chère et vaillante enfant !

La conversation se prolongea pendant quelque temps encore.

Mais le docteur ayant fait observer que son intéressante malade était bien faible encore pour supporter de si fortes émotions, les dames se levèrent, embrassèrent affectueusement la jeune fille et la laissèrent seule en l’engageant à prendre un peu de repos, ce dont elle devait avoir grand besoin.

La comtesse, complètement remise de ses émotions de la nuit, accompagna le docteur et les deux dames jusqu’à la porte de communication avec l’hôtel d’Hérigoyen.

Puis on se sépara en se promettant mutuellement de se revoir bientôt.

Lorsque Julian se présenta chez madame de Valenfleurs, depuis quelques minutes à peine elle était remontée du jardin après avoir reconduit le docteur, et elle causait avec ses deux amies des événements de la nuit et de son inquiétude mortelle sur ce qui était arrivé à sa fille adoptive.