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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/349

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société tout entière, qui vous a avec horreur rejeté de son sein !

Le Mayor frémit à cette flétrissure qu’il recevait en plein visage.

— Madame !… s’écria-t-il avec rage et se contenant à peine.

— Finissons-en, monsieur, reprit résolument la comtesse, dont, le premier saisissement passé, le courage grandissait avec le danger qu’elle sentait proche et inévitable ; je n’ai pas à discuter mes actes devant vous ; je ne vous connais pas. Le marquis de Garmandia s’est tué après avoir assassiné sa femme. Nous sommes morts l’un pour l’autre ; il n’y a plus de marquis ni de marquise de Garmandia pour nous ni pour le monde. Venez donc au fait, monsieur, et finissons-en ; cette entrevue n’a que trop duré.

— Prenez garde, madame ! s’écria-t-il d’une voix rauque en faisant un pas en avant.

— Trêve de menaces, monsieur ! répondit-elle en se redressant, superbe de dédain et de mépris. Vous ne pouvez rien contre moi. Vous devez depuis longtemps le voir. Dieu est entre nous ; il saura me défendre contre cette nouvelle attaque comme il l’a déjà fait chaque fois que vous avez essayé de m’assassiner ou de me combattre ! Laissez donc là ces vaines fanfaronnades qui ne m’effraient pas, et encore une fois, venez au fait, car vous ne vous êtes pas introduit dans ce kiosque dans le seul but de m’outrager, j’imagine ? Quel marché honteux avez-vous à me proposer ? Parlez, je suis prête à m’imposer les plus grands sacrifices pour sauver ma fille.

— Votre fille, madame ? s’écria-t-il avec un rugissement de fauve.

— Oui, monsieur, ma fille ! reprit-elle avec une énergie pleine de fierté ; ma fille sinon par le sang, mais du moins par le cœur ! Vanda que je chéris comme si je l’avais portée dans mon sein, que j’ai élevée, instruite, rendue aimante et bonne, chaste et pure comme les anges qui lui sourient dans le ciel, que je veux faire heureuse, enviée