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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/352

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doute cette belle éplorée a réussi à revenir près de vous ?

La comtesse détourna la tête sans répondre.

— J’ai essayé de calmer ma fille, de la consoler, reprit-il ; mais tous mes efforts ont été stériles. Elle se plaint de son enlèvement, m’injurie, et pourquoi ne l’avouerais-je pas, moi que rien n’arrête, que rien n’émeut, je me suis senti faible devant le désespoir de cette enfant, et je n’ai pas osé, non, mille démons d’enfer ! s’écria-t-il en frappant du pied avec colère et en serrant les poings, je n’ai pas osé lui révéler les liens qui nous unissent.

— C’est Dieu qui vous a inspiré à votre insu, monsieur, dit la comtesse avec dignité ; car cette révélation terrible l’aurait plus sûrement tuée qu’un coup de poignard dans le cœur. Elle n’aurait pas résisté à la honte de vous savoir son père !

— Madame, qu’osez-vous dire ? s’écria-t-il les dents serrées, le regard plein de lueurs fauves.

— La vérité, monsieur ; puisque votre âme est si complètement atrophiée qu’elle ne comprend plus rien aux sentiments d’honneur et de délicatesse, il faut bien que je vous les explique.

— Oh ! c’est affreux ! murmura-t-il presque à voix basse.

Et il reprit :

— C’est alors que j’ai conçu le projet de vous enlever, vous aussi, madame, pour vous réunir à elle, et que je me suis introduit dans cette maison, malgré vos nombreux domestiques, et que j’ai réussi à parvenir jusqu’à vous. Mais maintenant j’ai réfléchi : je ne veux pas que ma fille souffre et soit malheureuse près de moi. Je vous renouvelle la question que je vous ai adressée déjà : si je consens à me séparer de Vanda et à vous la rendre, consentirez-vous à me la laisser voir quelquefois ?

— Monsieur… dit la comtesse avec embarras.

— C’est une réponse nette et catégorique que je vous demande, madame ! reprit-il avec impatience

— Eh bien ! puisque vous l’exigez, monsieur, je serai franche avec vous, répondit résolument la comtesse ;