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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/354

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Mais se remettant aussitôt et hochant la tête avec découragement :

— Mais non, ajouta-t-il, il est trop tard maintenant pour reculer dans la voie funeste dans laquelle je suis engagé ! Un instant, séduit par la magie de vos paroles, madame, et l’espoir trompeur que vous faisiez miroiter devant mes yeux éblouis, j’ai cru que je pouvais m’arrêter ; je reconnais mon erreur, que mon destin s’accomplisse, madame ! Gardez vos richesses dont je n’ai que faire, ce portefeuille arme terrible en effet, mais dont je saurai me garantir. Depuis vingt ans j’attends ma revanche ; je la tiens aujourd’hui, je ne la laisserai pas échapper ; vos larmes ni vos prières n’y feront rien, vous me connaissez !

— Je ne pleure pas, monsieur, répondit la comtesse avec une noble fierté ; je ne m’abaisserai pas à vous prier ; j’ai cru, moi aussi, pendant un instant, qu’il restait quelque chose d’humain au fond de votre cœur. Je me suis trompée, que votre destin s’accomplisse.

— Le vôtre s’accomplira d’abord ! s’écria-t-il en ricanant ; suivez-moi, madame ; je ne suis demeuré que trop longtemps ici.

— Je ne vous suivrai pas, monsieur, répondit-elle résolument, à moins que vous n’employiez la force.

— Qu’à cela ne tienne, madame ! reprit-il en souriant amèrement.

Et, se penchant un peu en dehors de la porte, il fit entendre un léger sifflement.

Deux hommes parurent aussitôt.

Le premier était Fil-en-Quatre, le second Sebastian.

Le marquis s’était retourné vers la comtesse et n’avait pas vu Sebastian.

— Cet homme ici ! s’écria madame de Valenfleurs en se reculant avec épouvante.

Le marquis se retourna vivement.

— Sebastian ici ! s’écria-t-il d’une voix sourde en cherchant ses revolvers.

Sebastian s’approchait, froid et impassible comme toujours.