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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/355

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— Ah ! vous me reconnaissez ? fit l’ancien matelot avec un rire de démon. Ce n’est plus au Drancy ! Il fait jour, et j’ai des armes, mon maître !

Et, levant subitement le bras, il fit feu de son revolver ; mais le marquis avait été aussi prompt que lui, les deux coups n’en firent qu’un.

Un frisson passa sur les traits du marquis ; la balle de Sebastian lui avait troué l’épaule. Quant à l’ancien matelot, il était étendu sans mouvement sur le sol.

— Eh ! eh ! fit le bandit en ricanant, j’en tiens ! mais je le crois bien malade ; voyons un peu.

Il quitta le kiosque, s’approcha de Sebastian et se pencha sur lui.

— Il n’est pas mort, mais il n’en vaut guère mieux : un ennemi de moins !

Et il lui brûla froidement la cervelle.

Alors, regardant autour de lui, il aperçut Fil-en-Quatre immobile près du kiosque.

— Eh bien ! que fais-tu donc, mon garçon ? lui dit-il tout en rechargeant ses revolvers.

— J’attends vos ordres.

— Bien. Emporte, emporte, lui dit-il en désignant la comtesse ; dépêche-toi, nous sommes pressés.

Fil-en-Quatre entra dans le kiosque et s’avança vers la comtesse.

— Laissez-moi !… je ne veux pas que cet homme me touche ! s’écria madame de Valenfleurs d’une voix anxieuse, laissez-moi ! Au secours !… à l’assassin !… à moi !… reprit-elle en proie à une plus vive épouvante.

— Un mot de plus, madame, s’écria le marquis en levant son poignard, un mot de plus, et je vous jette morte à mes pieds ! et toi, drôle, dépêche !

La comtesse s’était évanouie. Fil-en-Quatre la saisit, la roula dans un châle, l’enleva comme il eût fait d’un enfant et la jeta sur son épaule.

— Maintenant hâtons-nous, dit le marquis ; je crains que tout ce bruit n’ait donné l’éveil.

— C’est de vot’faute, dit le bandit d’un air bourru ; il ne