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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/359

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instants sur le trottoir, tandis que Felitz Oyandi s’était dirigé vers le Grand-Hôtel, avait pénétré dans la cour et était monté dans une voiture de l’hôtel, qui était venue s’arrêter devant ; les deux autres hommes étaient restés sur le boulevard ; ceux-ci étaient montés dans la voiture qui s’était alors éloignée au grand trot dans la direction de la Bastille.

Tous ces détails, qui paraîtront peut-être incroyables, étaient cependant d’une exactitude rigoureuse.

Bernard avait lu comme à livre ouvert ces traces presque imperceptibles, laissées sur le sol et perdues au milieu de centaines d’autres.

Tout cela était net et clair dans l’esprit du coureur des bois. Il avait reconstruit en un instant les longues pérégrinations et jusqu’aux hésitations des trois hommes à travers les rues et les boulevards qu’ils avaient traversés.

Bernard sourit, et se frottant joyeusement les mains :

— Décidément, dit-il, le Mayor n’est pas aussi fort que je l’avais cru jusqu’à présent.

Sa voiture avait reçu l’ordre de suivre à une dizaine de mètres en arrière ; il fit signe au cocher de venir se ranger à la lisière du trottoir, ce qui fut aussitôt exécuté.

— Montez, messieurs ! dit-il en se frottant les mains ; notre tâche est terminée.

Les deux hommes montèrent dans la voiture.

— Au coin de la rue de Reuilly et du faubourg Saint-Antoine et bon train ! recommanda Bernard.

Les chevaux, vigoureusement enlevés par le cocher, filèrent comme un trait le long des boulevards.

Bernard avait en moins d’un instant compris le plan du Mayor : plan habile et surtout des plus audacieux.

Tandis que ses ennemis allaient le relancer dans ses repaires, il prenait, lui, de son côté, vigoureusement l’offensive, et tentait de s’introduire chez eux et d’enlever la comtesse par surprise.

Il expliqua en quelques mots ce plan hardi à ses deux compagnons.