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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/37

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maître ! mais cela m’a coûté gros ; toutes mes avances y ont passé, et je suis encore en retour.

— Bon ! que cela ne vous inquiète pas, ami Caboulot : nous compterons, et vous ne perdrez rien.

— Je le sais bien, fit-il avec un fin sourire ; voilà pourquoi je suis allé de l’avant.

— Est-ce tout ce que vous avez ?

— Ah ! ouiche ! il y a bien autre chose ; vous allez voir !

— Voyons alors ! dit en riant le Mayor.

— Écoutez : il est une heure et demie ; dans une heure, avec un bon cheval, nous pouvons être là-bas ; la case est cernée par quatre gaillards solides, et qui n’ont pas froid aux yeux. Si c’est votre idée, tout peut être fini à quatre heures du matin, mais il faut nous hâter. Je vous raconterai le reste en route.

— C’est une idée, dit le Mayor. Ma voiture m’attend devant le restaurant ; partons !

— Partons, je le veux bien, dit Felitz Oyandi d’un air renfrogné, mais encore faut-il que je sache…

— Rien en ce moment ; nous causerons en voiture. Quant à nous fausser compagnie, n’y songe pas ; cette affaire te regarde au moins autant que moi ; tu viendras, quand je devrais t’enlever dans mes bras !

— Il est inutile de me menacer, dit Felitz Oyandi, qui recommença à trembler. Puisque tu le désires, je t’accompagnerai ; d’ailleurs, l’air me fera du bien.

— À la bonne heure ainsi ! Tu fais bien de prendre ton parti sans faire de grimace. Je suis fatigue d’être mis toujours seul en avant ; il est temps que tu mettes un peu la main à la pâte.

Et versant le reste du punch dans les trois verres :

— À la réussite de notre expédition ! dit-il.

Les trois bandits choquèrent leurs verres et les vidèrent d’un trait.

Le Mayor sonna, le garçon entra aussitôt.

— L’addition, dit-il, vous ajouterez les cigares qui restent, je les emporte ; ils sont excellents.

Le garçon sortit.