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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/38

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Au bout d’un instant, il rentra apportant la carte sur un plateau.

Le Mayor ne se donna pas la peine de lire les hiéroglyphes indéchiffrables qui remplaçaient l’écriture ; il alla tout de suite au total, dont les chiffres étaient admirablement faits.

Ce total était de huit cent quarante-trois francs soixante-quinze centimes.

Dans tous les comptes de restaurant, il y a toujours des centimes, cela fait bien et donne une apparence de vérité aux comptes les plus fantastiques.

Le Mayor prit dans un portefeuille, très gonflé de billets de banque, un billet de mille francs qu’il jeta nonchalamment sur la table.

— La différence est pour vous, dit-il.

Le garçon salua jusqu’à terre et aida les trois hommes à mettre leurs pardessus.

Puis il s’inclina pour les laisser passer, croyant avoir affaire, tout au moins, à des nababs anglais retour de l’Inde.

Les trois hommes saluèrent Philippe d’un air de connaissance en passant devant lui.

Puis ils descendirent l’escalier et quittèrent le restaurant, après avoir allumé leur cigare.

La voiture de Mayor attendait.

C’était un huit-ressorts à quatre places, attelé de deux grands carrossiers de six mille francs pièce.

Les trois hommes montèrent, le valet de pied ferma la portière et transmit l’ordre au cocher.

La voiture partit au grand trot.

— J’ai indiqué une fausse direction, dit alors Caboulot ; c’est rempli de mouches devant le restaurant.

— Je vois que vous êtes des hommes de précaution.

— Dame ; on ne sait pas ce qui peut arriver : nous allons à Drancy, un petit village entre Pantin et le Bourget.

— Je ne le connais pas.

— Cela ne m’étonne point, il y a peine quatre cents âmes et il est presque inconnu.