Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ture ; je ne suis arrivée ici que vers trois ou quatre heures du matin, je ne saurais le préciser. Cette maison est la seule dans laquelle je sois entrée. Avant de me faire descendre on m’a bandé les yeux, probablement afin que je ne puisse pas reconnaître les passages par lesquels on me conduisait. J’étais portée dans une espèce de litière ; j’ai senti que nous mentions et que nous descendions souvent pour remonter encore : je crois être certaine d’avoir traversé des souterrains d’une assez grande étendue. Je dois être reléguée dans une campagne assez éloignée de Paris.

— Chère enfant, on vous a trompée à dessein ; vous n’avez pas quitté Paris, vous êtes à Passy, c’est-à-dire fort près de l’hôtel habité par votre famille, reprit Julian en souriant ; le long trajet fait par les deux voitures qui, tour à tour, vous ont transportée et n’ont fait que tourner sur elles-mêmes tout simplement, avait pour but d’embrouiller les traces des roues et de réussir ainsi à faire perdre votre piste.

— Ainsi, je suis à Paris ? dit-elle avec une grande surprise.

— Oui, chère enfant, vous ne l’avez pas quitté un instant. Tout au moins, reprit-il, vous devez connaître cette maison, dans laquelle vous êtes déjà depuis deux jours.

— Je l’ignore ; comment le saurais-je, cher monsieur Julian ? Regardez autour de vous, je suis au fond d’une espèce de puits ; ma vue ne peut se reposer que sur des murailles froides et tristes, percées de portes secrètes qui s’ouvrent sans bruit et qui semblent continuellement devoir s’ouvrir à l’improviste ; je meurs de peur dans cette cage affreuse ; je n’ose fermer les yeux de crainte de m’endormir vaincue par la fatigue et la souffrance ; cette torture est horrible ; si je restais seulement quelques jours dans cette odieuse prison, je mourrais ou je deviendrais folle.

— Oh ! cet homme est un démon ! s’écria Armand avec une douloureuse colère.

— Mais, reprit la jeune fille avec tristesse, que me