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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/392

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veut cet homme ? De quel droit m’a-t-il enlevée ainsi à ma famille et à tous ceux qui me sont chers ?

— Le sais-je, pauvre chère enfant ? reprit le jeune comte avec tristesse. Ce monstre, que maintes fois, en Amérique, nous avons heurté sur notre chemin, prétend avoir à se venger d’une insulte que ma mère lui aurait faite.

— Lui, ce misérable ? s’écria vivement la jeune fille. Oh ! viens, Armand ! fuyons ! Je tremble, à chaque instant, de le voir paraître. Il te tuerait, Armand ! Viens, je t’en supplie ; ne restons pas un instant de plus dans ce coupe-gorge.

En ce moment, la porte secrète qui avait livré passage aux deux hommes s’ouvrit subitement, et le chasseur canadien parut.

— Qu’y a-t-il ? lui demanda Julian.

— Je ne sais, monsieur, répondit Charbonneau. Depuis quelques instants, un bruit singulier, ressemblant à une lutte, se fait entendre dans les souterrains. J’ai cru devoir venir vous avertir en toute hâte et prendre vos ordres.

— Vous avez eu raison, dit Julian.

Et il ajouta à voix basse, en jetant à la dérobée un regard sur la jeune fille.

— Que faire avec cette pauvre enfant ?

— Le bruit augmente rapidement. Il se rapproche, dit la Venette en paraissant à son tour sur le seuil de la porte secrète. On distingue parfaitement les détonations répétées des revolvers et les cris des combattants. Un combat acharné se livre dans les souterrains, il n’y a plus à en douter.

— Ce sont nos amis, et ils sont aux prises avec les bandits du Mayor ! s’écria Julian. Il faut courir à leur aide.

Le comte Armand lui montra Vanda d’un regard désespéré.

— C’est vrai ! s’écria vivement Julian ; nous ne pouvons exposer cette enfant dans cette bagarre. Restez près d’elle, comte. Je vais avec nos deux compagnons.