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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/45

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ils étaient morts. Les héritiers de l’ancien capitaine au long cours firent vendre la maison. Elle fut achetée par une vieille dame qui s’y installa avec une nièce qu’elle avait et une vieille bonne. Un an plus tard, à peu près à l’époque où avait eu lieu la première catastrophe, ces trois personnes, que depuis plusieurs jours on n’avait pas aperçues, furent trouvées assassinées chacune dans sa chambre. Des voleurs s’étaient introduits pendant la nuit dans la maison en escaladant les murs, avaient tué les habitants pendant leur sommeil, et avaient enlevé tout ce qu’ils avaient trouvé à leur convenance. Les assassins ne furent pas retrouvés.

— Mille diables ! s’écria le Mayor ! voilà une maison qui ne me semble guère porter bonheur à ses propriétaires.

— Il y en a comme ça, dit Caboulot, en riant.

— C’est vrai, ajouta Felitz Oyandi en hochant la tête.

— Je suis curieux de savoir ce qui arriva à ceux qui suivirent ! dit le Mayor en ricanant.

— Ce fut un ancien huissier de Paris qui l’acheta. Il y fit faire quelques changements, reprit Caboulot, et il s’y installa avec sa famille ; les choses allèrent bien pendant un an ; mais un jour qu’il s’était attardé à Paris, en revenant chez lui vers minuit, en compagnie de sa femme et de son fils, après avoir quitté au Bourget la voiture qui les avait amenés, au moment où ils allaient entrer chez eux, ils furent attaqués à l’improviste par plusieurs hommes embusqués dans les blés, et si fort blessés et maltraités, que le lendemain on les releva presque morts sur la route ; on les transporta à leur maison, éloignée tout au plus d’une portée de fusil de l’endroit où ils avaient été attaqués ; mais rien n’y fit, malgré les soins qui leur furent donnés par un médecin célèbre de Paris, un mois après, ils passèrent tous trois de vie à trépas.

— Définitivement, il y a un sort sur cette maison, dit le Mayor.

— C’est l’opinion générale dans le pays ; la maison fut alors nommée la Maison des voleurs ; et personne n’osa