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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/61

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Trois des bandits étaient morts tués raides par les premiers coups de feu.

La Gouape était grièvement blessé, Caboulot avait le bras droit traversé de part en part.

Felitz Oyandi avait eu le crâne effleuré par une balle et semblait à demi hébété bien que sa blessure fût légère.

Seul, le Mayor était sain et sauf.

— Sapristi, dit Caboulot, en se relevant, quel démon ! J’aime mieux le voir ainsi, que comme il était tout à l’heure.

— Moi aussi, dit la Gouape en essayant de rire. Et toi qui disais qu’il n’avait pas d’armes ; ah bien ! merci du peu ! il ne s’en est pas fallu de beaucoup que nous y passions tous !…

— Le fait est que cela a été rude.

— Oui, et je crois que je m’en vas aussi… aussi… Caboulot… ma vieille branche…

Et il s’affaissa sur le plancher en poussant un soupir.

— Pas de bêtises, hein ? dit Caboulot en s’élançant vers lui.

Il s’agenouilla près du blessé.

— Il est évanoui !… c’est le moment… il en reviendrait si on le laissait faire… Pauvre vieille Gouape ! c’est dommage, mais il le faut !

Il arma froidement son revolver et l’approchant de la tempe du blessé, il lâcha la détente et lui brûla la cervelle.

— Et de quatre, dit-il en se relevant ; celui-là je le regrette, c’était un vieux camaro !… Mais les affaires sont les affaires.

— Bravo ! dit le Mayor en riant, tu as royalement gagné tes six mille francs, ami Caboulot.

— Sans compter l’argent que je leur ai donné et qu’ils vont me rendre ; mais si c’était à refaire, je crois que je n’en aurais pas le courage !… Et tenez, je ne sais si c’est le sang que je perds ou l’émotion qui me chavire la tronche mais je crois que je vais m’évanouir, tout tourne autour de moi…