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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/69

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Et, ramassant son chapeau, il le mit sur sa tête et sortit d’un pas rapide, mais encore peu assuré.

— Je veux bien que le diable m’emporte dix ans plus tôt qu’il compte le faire s’il n’y a pas un démon qui me protége !… fit-il en ricanant. Je reviens de loin, cette fois !… Eh ! qu’est-ce encore ?

En franchissant le seuil de la porte, il avait trébuché contre un corps étendu en travers sur le sol.

— Hé ! es-tu mort, mon drôle ? dit le Mayor en lui lançant un vigoureux coup de pied.

— Ne me tuez pas ! s’écria le soi-disant cadavre d’une voix pleurarde en se redressant à demi.

— Eh ! qui avons-nous ici ? On dirait la voix de mon ami Felitz Oyandi.

— Ce n’est pas moi ! s’écria l’autre avec épouvante.

— Imbécile ! s’écria le Mayor en riant, je te reconnais rien qu’à cette réponse ; voyons, lève-toi, la voiture va arriver.

— Comment ! quoi ! c’est toi ! tu n’es pas mort.

— Tu le vois bien, animal, et toi ?

— Ni moi non plus…, s’écria-t-il naïvement.

— Décidément tu divagues. Viens-tu, oui ou non ? j’aperçois les lanternes de la voiture.

— Je viens ! je viens ! Oh ! quel bonheur !

— De quel bonheur parles-tu ?

— Dame ! je te croyais mort, et je te retrouve vivant ; n’est-ce pas un bonheur pour moi ? fit-il d’une voix doucereuse.

— Hum ! Enfin, comme tu voudras ; dépêchons-nous.

— Me voici ! me voici !

Ils s’éloignèrent alors presque en courant, laissant toutes les portes ouvertes derrière eux.

Ils rejoignirent la voiture, car c’était bien elle qui venait.

Presque à l’entrée du Bourget, le cocher retint les chevaux.

Les deux hommes montèrent, la voiture tourna et se