franc, de l’air tranquille et insouciant qu’il avait toujours.
Tous les regards se fixèrent aussitôt sur lui avec une vive expression de curiosité, mais personne ne se risqua à lui adresser une question, à laquelle on savait à l’avance qu’il ne répondrait pas.
Fil-en-Quatre avait pour principe de ne jamais se mêler des affaires des autres, sans y être positivement invité, et il n’admettait pas qu’on se melât des siennes sous quelque prétexte que ce fût.
Après avoir poliment salué l’assistance, Fil-en-Quatre traversa la salle dans toute sa longueur en échangeant force poignées de mains et quelques sourires d’intelligence avec ses amis, et il alla tranquillement s’asseoir à la table à laquelle il avait pris l’habitude de se mettre.
— Te voilà donc, mauvais sujet ? dit la Marlouze avec ce sourire hideux dont elle semblait s’être réservé le monopole.
— Comme vous voyez, la mère, répondit-il en bourrant son brûle-gueule.
L’expression est technique, voilà pourquoi nous l’employons.
— Qu’es-tu donc devenu depuis le temps qu’on ne t’a pas vu traîner tes guêtres par ici ? reprit-elle. Je ne sais pas si t’en as fait de ces noces, hein, mauvais sujet.
— N’ m’en parlez pas, la mère, répondit-il avec un sourire narquois, c’est-à-dire que j’en suis abruti, quoi !
— Bon, tu blagues avec moi, fiston ? C’est pas malin, tu sais ; je n’ coupe pas dans le pont.
— Vous m’ parlez, j’ vous réponds ; y a pas d’affront ; où voyez-vous des ponts là-dedans ? reprit-il de son air gouailleur.
— C’est bon, c’est bon, assez causé ; j’ sais c’ que j’ dis.
— Vous êtes bien heureuse, la mère, car, foi d’homme ! je n’ vous comprends pas.
— Finaud, va ! c’est égal, j’ t’en veux pas pour ça.
— Vous êtes bien bonne.