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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/81

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— Oui ; plutôt plus que moins.

— Combien recevront-ils ?

— C’est un service extraordinaire, il y aura peut-être du chabannais.

— Ah ! diable ! tu crois ?

— De toi à moi, j’en suis certain ; nous avons affaire à des gens résolus qui ne bouderont pas, j’en ai peur. Seulement garde ça pour toi.

— As pas peur ! je n’suis pas un sinve ; d’ailleurs, s’il y a des roues de derrière, ça les aidera à courir.

— Ils toucheront deux cents balles avant l’affaire, chacun, et cent balles de gratification après, si la chose réussit comme nous l’espérons.

— Sapristi ! c’est une excellente affaire ; ils ne bouderont pas devant l’ouvrage avec une aussi jolie perspective, d’autant qu’ils fichent la pégrène à trente sous l’heure, et qu’ils n’ont rien à s’mettre sous les dominos les trois quarts du temps.

— Alors, une telle somme sera une fortune pour ces pauvres diables ?

— C’est-à-dire qu’ils me béniront, quoi ! C’est égal, j’voudrais bien avoir la main où l’bourgeois qui nous paye a la poche.

— Eh ! eh ! fit en ricanant le Loupeur ; on ne sait pas, peut-être irons-nous un jour ou l’autre lui faire visite.

— Ça serait une vraie idée !

— Oui, mais elle a besoin d’être creusée.

— Oui, c’est un nourrisson qu’il faut soigner.

— Comme tu dis.

— C’est toujours pour le compte de M. Romieux que nous travaillons, hein ?

— Oui, en apparence.

— Comment, en apparence ?

— Oui, parce que, en réalité, bien qu’il soit en nom et passe pour le maître, le véritable patron se cache derrière lui ; j’en ai la certitude, et si je le trouve, celui-là, je ne te dis que cela ; je l’ai entrevu une fois, mais pas assez bien pour le reconnaître ; j’ai bien essayé de le filer, mais il