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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/85

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L’animal comprit aussitôt, avec cette intelligence qui caractérise ces nobles quadrupèdes, qu’il ne s’agissait plus de flâner : il releva la tête, et malgré son apparence poussive, il commença à filer comme un trait du côté de l’église de la Madeleine.

— Ah ça ! qu’est-ce qui te prend ? demanda Fil-en-Quatre, qui ne comprenait rien à la conduite de son ami.

— Comment ! tu n’as pas deviné ? répondit le Loupeur en riant.

— Ma foi, non, parole sacrée !

— Je te croyais plus malin que cela ?

— Bon ! pourquoi donc ?

— Dame, parce que c’est si simple, qu’un enfant de dix ans l’aurait compris.

— Mettons que je sois un sinve ; vas-y de ton explication.

— Voilà ; écoute bien !

— Sapristi, j’ t’en donne mon billet que j’ t’écoute.

— Eh bien, alors, fais ton profil, ma vieille, tu vas voir si c’est ruminé.

— Oh ! j’ suis pas inquiet, je sais que tu es un roublard.

— Je tiens à savoir, et tu comprends que cela est important pour nous, je tiens, dis-je, à savoir si nos camarades ont été tués naturellement en essayant de pénétrer dans la Maison des Voleurs, ou s’ils ont été assassinés par notre patron M. Romieux et son âme, afin de se débarrasser de complices gênants, et dont les bavardages auraient pu les compromettre plus tard.

— L’idée est bonne, car en effet cette affaire nous touche de très près et nous intéresse sérieusement ; mais je ne vois pas encore comment nous arriverons à découvrir le pot aux roses ?

— Tu es bête, mon vieux, à l’avenue de Matignon, nous entrerons chez un manzingue, il n’en manque pas par là.

— Il y en a un juste au coin de la rue de Ponthieu, un vrai zigue.