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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/89

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meté et l’aisance de ses allures montraient qu’il ne devait encore avoir rien perdu de sa vigueur et de l’élasticité de ses membres.

Du reste, ce fut vainement que le Loupeur essaya de le reconnaître ; il acquit bientôt l’entière certitude que jamais il ne l’avait vu auparavant.

Les trois hommes se trouvèrent bientôt en présence.

Ils se saluèrent silencieusement.

— Monsieur, dit alors Fil-en-Quatre au bourgeois en lui désignant le Loupeur, voici la personne dont je vous ai parlé.

— Et qui a des renseignements à me donner ? dit M. Blanchet en dardant à travers ses lunettes un regard perçant sur le Loupeur.

— Oui, monsieur, répondit celui-ci sans hésiter.

— Très bien, reprit le bourgeois ; il est assez difficile de causer ainsi, en plein air et au milieu de cette foule, il me semble ; car peut-être aurons-nous à nous communiquer certaines choses importantes pour nous, mais qui n’intéresseraient que très médiocrement des indifférents.

— Je le pense comme vous, monsieur ; mais comment faire dans ce quartier, et avec le costume que mon ami et moi nous portons ? Il nous serait assez difficile de trouver un endroit convenable.

— Peut-être, monsieur, reprit le bourgeois : dans la prévision d’une semblable occurrence, j’ai loué rue de Chaillot, presque à l’angle de l’avenue d’Iéna, un pavillon isolé entre cour et jardin, où nous serons fort bien, et dans lequel nous n’aurons pas à redouter d’être entendus. Si ce que vous désirez me dire en vaut la peine, rien ne nous empêche de nous y rendre, ce n’est qu’à cent cinquante ou deux cents pas d’ici tout au plus.

— Comme il vous plaira, monsieur, répondit le Loupeur ; nous sommes prêts à vous accompagner.

— Veuillez donc alors me suivre sans affectation, messieurs ; je marcherai à quelques pas en avant pour vous servir de guide. La rue de Chaillot est assez déserte à