— Monsieur, je vous l’ai déjà dit, repartit l’étranger ; deux de mes amis et moi nous désirons prendre passage à votre bord pour nous rendre à Cadix.
— Vous êtes chargé de traiter pour vos amis, monsieur ?
— Oui, lieutenant.
— Ordinairement le passage se traite avec le consignataire du navire et non avec le capitaine… à moins d’urgence.
— Je sais cela.
— Eh bien ?
— Eh bien ! il y a urgence. Je suis passé, sur les quatre heures, chez le señor don Antonio Gallego, votre consignataire…
— Et ?…
— Et je ne l’ai pas trouvé… voilà tout. Il venait de partir pour la Havane, où l’appelait une affaire imprévue.
— Sans nous prévenir ?
— Il doit être de retour après-demain.
— Bien, monsieur ; puisqu’il en est ainsi, je me mets à vos ordres.
— Pour traiter ?
— Oui, monsieur. Vous êtes trois passagers ?
— Négociants de Cadix et de Malaga. De graves intérêts exigent notre présence là-bas. Voilà pourquoi je me montre si pressant.
— Vous prenez des passages de chambre ?
— De première classe, oui.
— Avez-vous des domestiques ?
— Oui ; mais nos gens seront passagers d’entrepont.
— Combien sont-ils ?
— Trois, comme les maîtres.
— Votre passage et celui de vos gens vous coûteront quinze cents piastres.
— Nourriture comprise ?
— Non pas. Nourriture comprise, cela fera un compte rond de deux mille piastres…
— Va pour deux mille piastres. Comment paye-t-on le passage ?
— Moitié comptant, moitié à l’arrivée.
— Bien.
— Cela vous convient ainsi ?
— Parfaitement.
— Alors, monsieur, veuillez me donner vos noms et ceux de vos amis, dit le lieutenant, ouvrant le livre du bord. Vos passeports sont en règle ?
— Les voici, lieutenant, répondit l’étranger en posant plusieurs papiers sur la table.
Le lieutenant les parcourut.
— Tout y est, fit-il. Vos noms, s’il vous plaît ?
— Don José de la Torre, de Malaga.
— Après ?
— Don Luis Ortega, de Cadix.
— Et le dernier ?
— Don Francisco Aguirre, de Cadix.