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Page:Aimard - Les invisibles de Paris, 1893.djvu/675

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avait à la tête un emplâtre de terre pétrie avec de l’eau-de-vie ; ma foi, petit bonhomme vit encore.

— Nous y sommes, fit la Cigale, partons du pied gauche.

On se dirigea en masse, et en prenant les précautions nécessaires, vers le coin du parc où les cris avaient retenti.

Le baron de Kirschmark et le général duc de Dinan se trouvèrent entraînés, poussés par le flot des Invisibles.

Mortimer et la Cigale les tenaient toujours en laisse.

Kirschmark se prêtait le plus complaisamment du monde à la circonstance.

Le général ne suivait que contraint, poussé, la baïonnette ou le poignard dans les reins.

Martial Renaud marchait en avant, à la tête du renfort qu’il avait amené à son frère.

Passe-Partout était resté à l’arrière-garde.

Au moment où il allait suivre les siens, une main saisit la sienne.

Il se retourna.

Une voix douce et bien connue lui dit :

— Restez, Noël.

— Edmée ! s’écria-t-il au comble de la stupeur et du désespoir, Edmée ! Vous ! Rioban ne m’avait pas trompé.

— Noël, empêchez vos amis d’aller plus loin, répliqua vite la jeune fille sans répondre à ces interpellations.

— Dites-moi d’abord comment…

— Non… rien… Arrêtez les vôtres… Fuyez !

— Fuir !… Non…

— Il le faut.

— Je ne quitterai ce lieu maudit que mon but rempli.

— Mon frère a fait ce que vous comptiez faire… Fuyez… je vous en supplie.

— Le vicomte, dites-vous… ?

— Il a trouvé ce que vous cherchiez.

— Expliquez-moi, de grâce…

— Rien… Le temps presse… Vous et les vôtres vous êtes enveloppés. J’attendais…, je guettais votre arrivée pendant que Raoul, guidé par Brigitte, faisait ses préparatifs avec l’aide d’Hervé.

— A-t-il les papiers, les titres ?

— Je le crois.

— Ah ! vous n’en êtes pas sûre… Coûte que coûte, il faut que nous nous en emparions.

— Noël…, laissez-moi achever…

— J’écoute.

— J’étais là…, à deux pas de la maison… Des hommes sont passés devant moi… sans m’apercevoir…

— En grand nombre ?

— Oui.

— Avez-vous entendu quelques mots dits par eux ?