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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/216

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Il y avait beaucoup de vrai dans tout ce qu’on rapportait du capitaine Barthélémy ; doué d’une belle intelligence, d’un courage à toute épreuve, d’un inaltérable sang-froid et d’une présence d’esprit sans égale, si mauvaise que fût la position dans laquelle il se trouvait jeté à l’improviste par le hasard, il parvenait presque toujours à en sortir sain et sauf, par des moyens que tout autre que lui eût trouvés impraticables.

De plus il était d’une loyauté proverbiale, et pour rien au monde il n’aurait consenti a manquer à sa parole dès qu’il l’avait donnée.

Voilà quel était l’homme que don Torribio — nous lui conserverons provisoirement ce nom — était venu chercher dans un misérable jacal, pour lui proposer ce qu’il appelait une affaire.

Tandis que le flibustier lissait son cigare du bout des lèvres, avec toute la désinvolture d’un véritable gentilhomme, le pseudo Mexicain l’examinait sérieusement à la dérobée, cherchant dans son esprit par quel côté il lui serait possible d’entamer son apparente indifférence.

— Voyons, s’écria-t-il enfin d’un ton de bonne humeur, quelles sont tes conditions, matelot ?

— Fais-moi d’abord tes offres, c’est au marchand à présenter sa marchandise, je jugerai sur échantillon, dit Barthélemy en ricanant.

Don Torribio comprit qu’il lui fallait s’exécuter franchement.