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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/217

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— As-tu dessellé mon cheval ? dit-il.

Cette question, faite ainsi à brûle-pourpoint, sembla si extraordinaire et si hors de saison à Barthélemy, qu’il regarda son interlocuteur d’un air ébahi.

— Pourquoi cela ? demanda-t-il.

— Parce que si je savais où est mon cheval, j’irais prendre une valise, que sans doute tu as remarquée sur sa croupe.

— Certes, je l’ai remarquée, elle est assez lourde pour cela.

— Fort bien, sais-tu ce que contient cette valise ?

— Comment le saurais-je ?

— Elle contient d’abord, écoute ceci, un costume complet pour toi, costume riche, élégant, tel que doit le porter un gentilhomme, et, de plus, cent cinquante onces en or que je te prie d’accepter ; ce qui ne t’engage à rien, puisque nous sommes matelots, ou que du moins nous l’avons été.

— Diable ! fit en riant Barthélémy, si tu me donnes un riche costume et douze mille livres, parce que je suis ou j’ai été ton matelot, que me donneras-tu donc, lorsque je serai ton complice ?

Don Torribio essaya un sourire qui ressemblait à une grimace.

— Va chercher la valise, dit-il ; pendant que tu feras ta toilette, je t’expliquerai ce dont il s’agit.

— Est-ce que tu comptes m’emmener avec toi ?