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Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/269

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qu’ils veulent une chose, la veulent bien et quand ils ont pris une résolution, se font tuer sur place plutôt que d’y renoncer.

— Bah ! murmura-t-il à part lui en haussant les épaules d’un air significatif, qui ne risque rien n’a rien, et, si malin qu’il soit, ce ne sera pas encore de lui que je prendrai des leçons de finesse. Et d’ailleurs ajouta-t-il avec un rire narquois, le bon Dieu me doit bien cette compensation !

Il fit cabrer et caracoler son cheval de façon à attirer l’attention, mais voyant que personne ne sortait :

— Oh ! là ! cria-t-il d’une voix forte, mozo, viendras-tu, misérable, au nom du diable !

Presque aussitôt un individu couvert de vêtements sordides, maigre, rachitique, tordu, bossu, au visage taillé en biseau et à la mine famélique, mais dont les yeux gris et ronds, percés comme avec une vrille, pétillaient de finesse, apparût sur le seuil de la porte.

Ce charmant spécimen de la race indienne, car cet homme était un Indien, mit son bonnet crasseux à la main, lança à la dérobée un regard cauteleux sur le voyageur, et se décida à s’avancer au-devant de lui.

— Que désire Votre Seigneurie ? dit-il en s’inclinant respectueusement et en saisissant le cheval par la bride.

— Je désire, répondit le capitaine, que vous